Le grand Coeur (Rufin)

A PROPOS DE L’HISTOIRE – Il s’appelle Jacques Cœur et sa rencontre avec un léopard va influer sur toute sa vie. Car le grand Cœur, c’est l’histoire d’une ascension suivie d’une chute, à moins que ce ne soit celle d’une chute suivie d’une ascension… A vous de voir ! Fils de pelletier, rien ne prédestinait le petit Jacques Cœur à tant d’honneur. Autour de lui, la société féodale, renfermée sur elle-même et aux prises avec la guerre de 100 ans, se délite et s’effrite. Jacques, lui, ne rêve que d’Orient, de caravanes, de soleil et de trésors qui viendraient converger vers la France et en feraient le cœur du monde. Sa route va croiser, pour le meilleur et pour le pire, Charles VII et la très belle Agnès Sorel. Quand l’Histoire rencontre la Littérature, on obtient Le grand Cœur.

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Lira ou lira pas ?

Ce livre est pour vous si :

  • Les Trois Mousquetaires ont bercé votre enfance et que vous rêvez d’une « toute nouvelle première fois » avec le roman historique.
  • vous aimez être emporté(e) sur la houle des pages et recherchez une histoire qui est tout à la fois voyage dans l’espace, dans le temps et dans une psyché complexe et originale.
  • vous admirez les visionnaires. En ce XVème siècle balbutiant, le France s’éloigne peu à peu du Moyen Age et s’ouvre à la Renaissance. Jacques Cœur sera l’un des passeurs de ces idées nouvelles.

Ce quelque chose, je le connaissais : c’était l’immense domaine des rêves. L’humanité tient de lui sa noblesse. Nous sommes humains parce que nous avons accès à ce qui n’existe pas. Cette richesse n’est pas donnée à tous, mais ceux qui cheminent jusqu’à ce continent invisible en reviennent chargés de trésors qu’ils font partager à tous les autres.

Une lecture royale

1 – Et le rêve fut

Jacques Cœur avait son « léopard », vivante image du rêve, pour le guider et lui ouvrir la route des possibles. Jean-Christophe Rufin, encore enfant, avait une « certaine petite porte » dont la poignée était encore chaude « de la tiède empreinte de la main de son propriétaire ». Une porte magique ! Tout visiteur qui se promène dans les rues de Bourges est persuadé qu’elle permet d’accéder au palais de Jacques Cœur. Que nenni ! Le petit Jean-Christophe est la preuve vivante que cette porte mène tout droit vers le monde des rêves, de l’écriture et qu’on y rencontre parfois des… léopards magiques. Car au fond « Le grand Cœur » est tout autant un roman historique qu’un livre miroir. Si les faits sont respectés, l’histoire lacunaire du XVème siècle est un formidable terrain de jeu et d’écriture pour un romancier ! Dans ces marges vierges, Jean-Christophe Rufin esquisse l’image d’un double, d’un alter ego, Jacques Cœur, auquel ses rêves ont joué le terrible tour de s’incarner ! Et qui, pour pouvoir rejoindre le monde des rêves, va prendre la plume et nous raconter l’histoire de sa vie.

2 – Entre Moyen Age et Renaissance

Tout commence à Bourges dans le noir, le gris et le froid. En ce tout début du XVème siècle, la guerre de 100 ans (1337 – 1453) ravage les campagnes et Charles VII se proclame roi, en 1422, d’une France dévastée et exsangue. Né pendant cette période trouble, le petit Jacques (1395/1400 – 1456), incarne une France qui rêve d’un autre destin. Il a soif de soleil, d’Orient, de voyages et rêve de faire de sa patrie le centre du monde. De ce rêve naîtra une entreprise étonnamment moderne, une maison d’import/export qui relie entre elles les contrées les plus reculées et fait converger vers l’Argenterie et la cour toutes les richesses et les joyaux du monde. La fin de la guerre de 100 ans favorise cette extraordinaire expansion et avive les appétits de luxe. Jacques Cœur, c’est un peu l’Octave Mouret de Zola, version Renaissance ! Ou, si l’on veut être moins anachronique, une sorte de Cosme de Médicis (1389 – 1464) version française.  Car déjà, à côté de la chevalerie, la bourgeoisie relève la tête… Et en Italie, Fra Angelico, Donatello, Luca della Robbia, etc. inventent un art nouveau…

3 – Vivre (et mourir) à la cour

A côté du portrait de Jacques Cœur, Jean-Christophe Rufin dessine en contrepoint un portrait saisissant de Charles VII. Jacques est la lumière, Charles l’obscurité. Alors que l’esprit d’entreprise et les idées nouvelles portent le premier à accomplir de grandes choses, l’autre n’est que pusillanimité, jalousie, cruauté et hypocrisie. Et plus la cour devient fastueuse, plus l’envie et les rancœurs couvent, prêtes à se déchaîner quand le roi sonnera l’hallali… Au milieu de tant de petitesses et de dangers, un ange passe : Agnès Sorel. Première maîtresse en titre de l’histoire de France, Agnès est présentée par Jean-Christophe Rufin comme un double de Jacques Cœur, élégante, cultivée et ouverte aux idées nouvelles. Des relations entre Agnès et Jacques, l’histoire n’a rien conservé… L’auteur invente son propre roman… On peut bien écrire et rêver !

Anecdote

Depuis que je suis toute petite, Agnès Sorel me fascine ! Il était donc inévitable que mes pas me mènent… à Loches. Une escapade inoubliable ! Flâner dans la cité royale est un pur bonheur. On y visite la cathédrale Saint-Ours qui abrite la sépulture d’Agnès, une vraie merveille de marbre blanc, mais aussi le Logis où la dame de beauté a séjourné. Ces pièces ont également accueilli Jeanne d’Arc et Anne de Bretagne. Excusez du peu ! La maison-musée du peintre Lansyer, élève de Courbet, vaut également le détour sans oublier le donjon. Sorti tout droit du Moyen Age ou de Game of Throne (je ne sais pas trop…), cet édifice de 44 m vous promet des émotions pures et dures. Parce que 44 mètres, c’est vraiment très, très haut surtout lorsqu’il ne reste que les murs et que tout l’intérieur du donjon est évidé. Et pourtant, je vous jure, d’habitude je n’ai pas le vertige !

Lien : https://citeroyaleloches.fr/

Le grand Coeur – Jean-Christophe Rufin – Dates d’édition : France 2012 – Mon édition : Folio (15 décembre 2020) – 575 pages

VISITE

Promenade à Loches

2 commentaires

  1. Tu me donnes envie tant de relire Le grand Coeur, que j’avais beaucoup aimé, que de revoir Loches.
    Quant à tes photos, j’adoooore 🤗

    • Merci ! On se sent bien entre les pages de ce roman. J’étais triste de le finir. Heureusement qu’il me reste de nombreux livres de Jean-Christophe Rufin à découvrir !

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