Blackwater – La Guerre 4 (McDowell)

On ne se méfie jamais assez des titres ! Quoi de plus simple en apparence que La Guerre ? L’allusion semble limpide. Le second conflit mondial ravage le vieux continent et ses échos, tout d’abord ténus, vont finir par se frayer un chemin jusqu’aux rues endormies de Perdido. Pourtant rien de plus ironique et antinomique que ce titre ! Car, pour les Caskey, La Guerre est une parfaite période de… paix !

Dans cette course éperdue que représentent les quelque 1 200 pages de Blackwater, le quatrième tome fait figure de point d’étape, de calme avant la prochaine tempête. Il consacre la victoire d’Elinor qui a non seulement réussi à ramener l’harmonie au sein du clan mais aussi à guider habilement Oscar sur le chemin de la réussite financière.

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Le vampire est un humain comme un autre

Jamais l’adage « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » n’aura été plus juste. Dans cette jungle que représente la vie, les plus grands prédateurs font (sans mauvais jeu de mot 😊) feu de tout bois et prospèrent. La guerre 39-45 nourrit le clan et l’enrichit tout comme les deux conscrits mystérieusement disparus aux abords des eaux rouges de la Perdido semblent avoir permis à Elinor de retrouver une seconde jeunesse… Le vampire peut être aquatique mais aussi… terriblement humain.

Et le bois des Caskey, telle une sève généreuse, ressuscite Perdido. Les magasins, fermés suite au krach boursier de 1929, rouvrent leurs portes, la ville bourdonne d’activités, de vie et ne connaît plus que le plein emploi.

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Vive l’exogamie !

Hautement symbolique, la mort de Mary-Love, dans le tome 3, annonçait la fin d’un monde que la fracture de la guerre va définitivement parachever. L’endogamie a été brisée, la société s’ouvre et évolue : les femmes, Miriam en tête, désertent, tous les matins, l’espace confiné de leur foyer pour accéder au travail, les soldats Noirs sont reçus par les Caskey et un premier couple LGBT, heureux et épanoui, fait son apparition. La modernité est en route. On ne saurait arrêter une rivière qui a décidé de sortir de son lit…

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Naissance d’une sirène

Reste que dans le grand fleuve du temps, l’histoire humaine et ses soubresauts dérisoires, sont voués à disparaître… A travers Elinor et Frances, une mémoire plus ancienne affleure, un monde millénaire fascinant et menaçant qui survit à travers ses enfants aquatiques. Dans La Guerre, Frances fait enfin la paix avec elle-même et accède à sa part manquante en même temps qu’à l’amour. Car, un jour, un nouvel enfant sera volé pour que l’histoire se répète… Derrière la digue, nul ne devrait oublier que la Blackwaer et la Perdido mêlent leurs flots noirs, puissants et sauvages…

« Mais elle est sauvage ! », s’exclama-t-il. (Exclamation de Billy Bronze découvrant la Perdido)

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Blackwater – 4. La Guerre – Michael McDowell – Première édition américaine : 6 livres publiés entre janvier et juin 1983 – Mon édition : première édition française – Monsieur Toussaint Louverture – 19 mai 2022 – 255 pages

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mots cles – mots mysteres

Galerie

Guerre & paix

Flower Supplies

Petite fille (p 142)

Nerita (p 143)

Chant (p 182 – 183)

Tourbillon (p 107)

ON REVISE AVEC LES MINI CHRONIQUES DE NANILI !
Blackwater – 1. La Crue / Blackwater – 2. La Digue / Blackwater – 3. La Maison

2 commentaires

  1. La renommée de Blackwater n’avait pas suffi à me persuader d’en entamer la lecture mais je ne résiste pas à tes trop belles photos et à ton analyse, laquelle, comme toujours, suscite ma curiosité. Je te dirai dans quelque temps si je t’en remercie 😉
    En tout cas, merci pour ton blog, de grande qualité.

    • Merci 🙂 Quelle responsabilité ! J’espère que tu prendras autant de plaisir que moi à parcourir Blackwater. Cela dit, lorsque l’on est capable de passer de l’intégrale d’Alexandre Dumas à Aldébaran et que l’on fait ce grand écart littéraire avec grâce et enthousiasme, cela témoigne d’une belle ouverture d’esprit. Les Classiques « OUI » mais la littérature dite populaire et les BD « AUSSI ». Le coeur d’un vrai littéraire est assez grand pour accueillir tous les ouvrages quels que soient leur genre, leur époque, leur pays, leur style 🙂 Et varier les plaisirs permet d’acquérir l’oreille absolue et de lire « plaisir » mais aussi « intelligent !

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