Blackwater – La Digue 2 (McDowell)

Faites vos jeux, rien ne va plus ! A Perdido, on joue beaucoup ! Mais la folie des dominos qui touche de plein fouet la gent masculine ou les parties de bridge, où affleurent toutes les rivalités sociales de la ville, font figure de jeux d’enfants auprès de la lutte âpre et sans merci qui oppose Mary-Love à Elinor.

La Crue (tome 1 de Blackwater) n’était qu’une ouverture… Dans La Digue, ces deux femmes hors du commun ont pris possession d’un échiquier qui a la taille même de Perdido. Pas de Blancs et de Noirs, seulement des Rouges. La terre rouge de l’Alabama pour Mary-Love. L’eau argileuse, ocre et boueuse de la rivière pour Elinor.

[…] cette ville appartient à la rivière mais les digues sont en train de la lui arracher sans que la rivière n’obtienne rien en compensation.

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Dans ce choc des titans, terre et eau s’affrontent autour de la construction d’une digue soi-disant protectrice… Pion involontaire de Mary-Love, Early Haskew qui « paraît constamment avoir de la terre sous les ongles [et] les plis de sa peau tannée » et dont « la terre avait envahi [l]a conscience » est moins l’ingénieur désigné du chantier que le roi involontaire d’une partie qui le dépasse… Il est vrai que dans Blackwater les rois sont sans cesse dépossédés et manipulés par les reines… !

D’autant plus qu’après avoir lutté pour la possession d’Oscar, Mary-Love et Elinor jouent désormais pour de l’argent. Les enjeux sont colossaux et le champ lexical de la guerre omniprésent. Sur le tapis vert -ou plutôt rouge de l’Alabama- on trouve des dollars mais aussi le pouvoir, l’indépendance financière et affective…

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En se précipitant pour nouer son destin à celui d’Elinor, Oscar avait sectionné en partie le cordon émotionnel qui le rattachait à Mary-Love. Néanmoins les liens financiers demeuraient forts entre la mère et son fils […]. Sa bienfaitrice ne laisserait pas son fils échapper à sa générosité.

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Reste que chez les Caskey, bon sang ne saurait mentir. Une troisième femme, moins effacée qu’elle ne le laisse croire, pourrait bien intervenir dans la partie et s’inviter sur le champ de bataille tandis qu’en coulisse de nouveaux joueurs se préparent et que la Perdido roule plus que jamais ses flots inquiétants, fantastiques tout en s’apprêtant à réclamer son dû sanglant…

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Blackwater – 2. La digue – Michael McDowell – Première édition américaine : 6 livres publiés entre janvier et juin 1983 – Mon édition : première édition française – Monsieur Toussaint Louverture – 22 avril 2022 – 256 pages

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NANILI A EGALEMENT CHRONIQUE
Blackwater – 1. La Crue / Blackwater – 3. La Maison / Blackwater – 4. La Guerre

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