Pas facile d’être une lady ! (E. M. Delafield)

La course au mari est une activité dangereuse : on risque de se trouver enfermée dans un mariage arrangé sans même y avoir pensé ! Mal armée pour ce sport à hauts risques existentiels et psychologiques, Edmée Elizabeth Monica Delafield est restée, à 21 ans, sur la touche. Un « échec » bienvenu ! La médaille d’or matrimoniale vous oblige trop souvent à jouer le jeu de la société et de la parfaite femme au foyer version « entre deux guerres » ; un « échec », au contraire, vous affranchit de la pensée dominante et vous ouvre en grand les portes de la liberté.

Que faire lorsque l’on est célibataire si ce n’est travailler et écrire ? En 1917, à 27 ans, Edmée publiait son premier roman. Le début d’une carrière littéraire féconde menée au rythme d’une à deux œuvres publiées par an. Et comme les voies du mariage sont impénétrables, le colonel Arthur Paul Dashwood, séduit par les romans de la jeune femme, lui écrivit pour la rencontrer avant… de l’épouser. Parce que les livres sont les plus puissants des filtres d’amour 😊 !

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Ec’RIRE plutôt qu’écrire

Merci au colonel Dashwood et à sa tendance naturelle à épouser un écrivain ! Sans lui Pas facile d’être une lady ! n’aurait jamais vu le jour et la bibliothèque -somme toute réduite- des livres humoristiques de qualité aurait vu son IMC flirter encore un peu plus avec l’anorexie.

Réflexion : pourquoi les romanciers et les intellectuels rédigent-ils majoritairement des livres sérieux, torturés quand ils ne sont pas carrément ennuyeux ? A part Nietzche et Bergson, il semblerait que personne ne prenne le rire au sérieux. C’est regrettable et qui plus est mauvais pour le moral… J’aurais tendance à penser que l’on néglige trop, en France, la salubrité intellectuelle…

Livre miroir

Sorte de journal de Bridget Jones avant l’heure, Pas facile d’être une lady ! est un bijou d’humour et de causticité doublé d’une critique souriante de la famille victorienne et de toutes nos petites (et grandes) hypocrisies quotidiennes. Librement inspiré de la vie de son auteur, ce journal humoristique met en scène une lady « gaffeuse » aux réflexions savoureuses, entourée d’un mari taciturne, d’enfants turbulents, d’une gouvernante française émotive, de domestiques bien décidés à lui rendre la vie difficile et de voisins envahissants.

Toute ressemblance -malgré les 93 ans de distance- avec notre vie quotidienne est volontaire. Ce roman est culte dans les pays anglo-saxons, il mériterait de l’être en France également !

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Pas facile d’être une lady ! – E. M. Delafield – Mon édition : Payot, Petite Biblio Payot Irrésistibles (15 juin 2016) – 256 pages

Delafield

« […] un écrivain réconfortant
et intemporel dont
les commentaires raviront
dans cent ans. »

Rachel Ferguson

AUTEUR

Portrait

Date de naissance : 8 juin 1890 (Sussex)

Date de décès : 2 décembre 1943 (53 ans)

Prénom et nom : Edmée Elizabeth Monica Dashwood,
née de la Pasture. Et oui ! Le père d’Edmée, le Comte Henry de la Pasture, descend tout droit d’artistocrates français ayant émigré en Angleterre lors de la Révolution ! L’esprit so british d’Edmée ne serait-il pas également (un peu) so frenchy ?!
Imaginé par sa soeur Yoé, ce pseudonyme est la traduction anglaise du patronyme paternel.

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E. M. Delafield vue, en 1926, par Winifred Holtby

Dans Lettres à un ami

E.M. Delafield est très maigre, trentenaire, intelligente, brune, mariée, avec des enfants en bas âge qui l’occupent beaucoup. Elle est aussi timide et pudique […].

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Anecdotes et littérature

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Le savez-vous ?

  • E.M. Delafield connaissait Virginia Woolf. Les deux femmes s’étaient rencontrées par le biais du magazine Time and Tide. Les Woolf rendront même visite aux Delafield dans leur propriété de Croyle, (près de Kentisbeare dans le Devon).
  • En avance sur son temps, active et prête à faire bouger les lignes, Edmée a été infirmière en 14-18, première femme de sa région a être nommée juge de paix et a longtemps occupé la fonction de présidente du Women’s institute. Grâce à ses écrits, elle a activement contribué à l’entretien de son ménage.
  • En 1940, son fils (Lionel) se suicide. Un drame dont E.M. Delafield ne se remettra jamais. Elle s’éteint 3 ans plus tard des suites d’un cancer de l’intestin et sera enterrée au cimetière de Kentisbeare, sous son if préféré, aux côtés de Lionel. Sa fille Rosamund émigrera ensuite au Canada.

Pour en apprendre davantage sur E.M. Delafield : https://emdelafield.org/

  • Petites chroniques deviendront grandes ! Tout d’abord publié, à partir de 1920, dans le magazine féminin, littéraire et féministe Time and Tide, Pas facile d’être une lady ! a remporté un tel succès que les aventures décalées de leur héroïne attachante, maladroite et un rien en rupture de banc ont fini par se transformer en roman. Cet ouvrage, auquel E.M. Delafield donnera plusieurs suites, demeurera son plus grand succès littéraire. A l’origine, de jolies illustrations d’Arthur Watts (1883 – 1935) ajoutaient au charme de ce journal humoristique (voir le carrousel ci-dessus).

Le Time and Tide vous intrigue ? Pour découvrir ses collaboratrices et collaborateurs -aux premiers rangs desquels, on trouve E.M. Delafield, qui a fait longtemps partie du conseil d’administration de cet hebdomadaire aux idées avancées- il suffit de surfer sur : https://www.timeandtidemagazine.org/

Elle a écrit…

Citations

« On me demande ce que je pense de Harriet Hume, mais je ne peux rien en dire parce que je ne l’ai pas lu. J’ai l’impression décourageante que cela va faire comme pour Orlando, dont j’ai été parfaitement capable de parler avec la plus grande subtilité jusqu’à ce que je le lise et m’aperçoive qu’hélas je n’y comprenais rien. »

« NB : S’il y a bien une différence entre les sexes, c’est la tendance masculine à remettre presque tout au lendemain, sauf lorsqu’il s’agit de passer à table ou d’aller se coucher. »

ET AUSSI…

« Une question se pose pour la énième fois : Est-il absolument impossible de concilier les aménités de la civilisation avec ne serait-ce que le minimum d’honnêteté requis pour satisfaire sa conscience ? »

« Question : Et si l’on tentait une intéressante petite expérience ? Il s’agirait pour une personne dotée d’un courage moral exceptionnel, de formuler tout à coup des opinions inédites : par exemple que les Américains sont plus distingués que nous, ou que leurs lois sur le divorce sont bien meilleures que les nôtres. J’aimerais beaucoup voir l’effet que produirait une bombe psychologique de ce genre […]
« 

RIRE

A vOUS DE LIRE
ET DE SOURIRE

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