Avril enchanté – (E. von Arnim)
UN OUVRAGE « FEEL GOOD » AVANT L’HEURE – Exit les antidépresseurs ! Avril enchanté fait partie de ces livres qui devraient être remboursés par la sécurité sociale. On sourit, on rit beaucoup et en refermant ces 368 pages on se sent heureux, détendu… parfaitement bien. Publié pour la première fois en 1922, cet ouvrage n’a pas pris une ride. Si, dans l’hexagone, les romans « feel good » apparaissent au détour des années 2 000 avec les livres d’Anna Galvada et la publication française de l’incontournable Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates écrit à 4 mains par Mary Ann Shaffer et sa nièce Annie Barrows, Elizabeth Von Arnim a coiffé tout le monde au poteau et inventé un genre à elle toute seule. Bon, il est vrai que certains soutiennent que les romans « feel good » sont apparus dans la littérature anglo saxonne à la fin du XIXème siècle avec des livres comme Les quatre filles du docteur March de Louisa May Alcott (1868). Eternelle histoire de M. Jourdain… Oh ! vous faites de la prose sans le savoir, moi, j’écris des romans « feel good » sans m’en apercevoir 😊 !
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AU PROPOS DE L’HISTOIRE – Au revoir l’Angleterre ! Bonjour l’Italie ! Dans ce roman joyeux, lumineux et positif, quatre femmes insatisfaites, prisonnières des conventions, de leur mariage, de leur passé ou de leur apparence, abandonnent la grisaille de Londres pour le soleil, les fleurs et la mer du château de San Salvatore. Ces vacances seront -printemps oblige- une vraie renaissance. Avril enchanté fait partie de ces romans qui font du bien à l’âme !
Lira ou lira pas ?
Ce livre est pour vous si :
- vous aimez rire et sourire,
- vous recherchez les auteurs qui possèdent leur propre « petite musique »
- vous avez un urgent besoin de vacances,
- vous êtes un rien déprimé(e) et que votre libraire vous a prescrit une ordonnance de pages sur-vitaminées,
- vous voulez tout simplement passer un pur moment de plaisir.
Au paradis (alias San Salvatore) on se souciait comme d’une guigne de sa vie antérieure, on n’avait besoin ni de pardonner, ni d’oublier tant on était heureux !
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Bonheur : mode d’emploi
Elle s’appelle Wilkins, Lotty Wilkins. Et elle est armée d’un « permis de rendre heureux » dont elle fait usage sans modération. A son contact -bon gré, mal gré- tous les personnages d’Avril enchanté vont changer et être acculés au bonheur. Pire, je soupçonne Lotty d’être capable de contaminer tous les lecteurs(trices) d’Avril enchanté !
Car ce roman pétillant, plein d’allant et de fantaisie, contient une recette du bonheur, somme toute facile à appliquer. Alors, tous à vos fourneaux psychologiques !
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INGREDIENTS
- Du temps rien que pour soi (compter un minimum de 15 jours)
- Une bonne dose de beauté
- De l’extrait de « lâcher prise »
- Un examen de conscience honnête et réaliste
- De l’indulgence et de la compréhension
- Beaucoup d’amour
1 – Prenez quatre héroïnes que leur quotidien a éloigné de leurs rêves, convainquez-les de prendre des vacances dans un château italien, entouré par la mer et possédant un jardin rempli de fleurs, de soleil et de parfums. Cela dit, tout lieu saturé de beauté peut faire l’affaire ! Pour Elizabeth Van Arnim rien ne ressemble plus au paradis qu’un jardin. D’où San Salvatore.
2 – Laissez reposer dans une paix parfaite (Traduction XXIème siècle : sans SMS, sans likes, sans portable, etc.) parmi la glycine, les lys blancs, les capucines, les soucis, les pervenches. Vos quatre héroïnes vont peu à peu se laisser pénétrer par l’esprit du lieu, lâcher prise et commencer une introspection positive et honnête.
3 – Remuez toutes ces idées et impressions pour en arriver à la conclusion que si les autres ne sont pas parfaits, vous n’êtes pas non plus parfait(e). Un peu d’indulgence, de compréhension et de spontanéité parachèveront la recette.
4 -Servez immédiatement et l’amour sera au rendez-vous que vous ayez 7 ou 77 ans et qu’il prenne les traits d’un amant(e), d’un petit enfant ou d’un(e) ami(e) !
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Vous rirez bien encore un peu ?
Lire, c’est maîtriser sur le bout des doigts la météo ! Certains livres sont remplis de nuages et de pluie, d’autres sont ravagés par les orages et les tempêtes. Et d’autres encore sont gorgés de chaleur et de soleil. Les romans d’Elizabeth von Arnim appartiennent à la dernière catégorie Son écriture pétillante, joyeuse et vive possède quelque chose d’inimitable. On la reconnaît immédiatement à l’oreille. Son arme favorite : le style indirect libre qui permet des plongées indiscrètes et drôles dans les pensées intimes des personnages qu’elle met en scène. On en apprend beaucoup sur leurs faiblesses, leurs petitesses et leurs opinions -souvent peu charitables !- sur les autres protagonistes. Personne ne comprend totalement personne d’où des mélis mélos tendres, drôles et charmants mais qui finissent toujours bien. Au fond, peu importe de se réconcilier sur des demi-malentendus, tout ce qui compte c’est de savoir aimer !
Anecdote
Roman visuel débordant de fleurs et de couleurs, Avril enchanté a été porté à l’écran, en 1992, par Mike Newell, réalisateur du célèbre Quatre mariages et un enterrement. Polly Walker -qui joue Atia dans la série Rome et l’inénarrable Lady Portia Featherington dans Les Chroniques de Bridgerton– y interprétait le personnage de Caroline Dester.
Avril enchanté – Elizabeth von Arnim – Dates d’édition : The Enchanted April (1922) – Paris, Salvy (1990) – Mon édition : 10/18 (mai 2014) – 368 pages
Le titre, enchanteur, le livre, ressourçant, les photos, très belles : l’ensemble parfait. Bravo pour cette belle harmonie, parfaitement réussie.